Jusqu’ici, celles et ceux qui pouvaient encore travailler dans des conditions professionnelles se trouvaient privilégiés par rapport aux spectacles annulés ou reportés avant même d’être en activité.
Avoir la chance de pratiquer, même en sachant qu’on ne va pas pouvoir offrir ce que nous créons, c’est vital. Les acteurs professionnels qui ne peuvent pas travailler peuvent disparaître en peu de temps. Car la scène est un espace d’exception, un espace de liberté. Les échanges de jeu, lorsqu’ils n’ont pas lieu, ce n’est pas seulement une perte mais une absence, un vide qui, s’il dure, efface les bienfaits de la scène. Nous pratiquons l’entente, la quête d’ensembles, de justesse, nous interrogeons la notion de liberté, nous sommes liés à l’idéal de démocratie.
Du côté des créateurs, bien sûr, il nous faut traiter avec l’incertitude et ne pas se démobiliser face à l’inattendu. Est-ce qu’on va toutes et tous être obligés de filmer ce qu’on fait ? de passer par l’écran ? en attendant l’ouverture des scènes ! Est-ce qu’on doit chercher de nouvelles formes ? Rien n’est équivalent à la scène. C’est toujours autre chose. L’essentiel, évidemment, c’est le contact, l’interaction des acteurs, tout ce qui est contraire à nos précautions d’aujourd’hui. De même avec les spectateurs, toute distance, tout écran tue ce que nous quêtons.
Concernant le volet social, il serait temps d’être reconnus à notre juste valeur, que « culture » et « arts » entrent dans le vocabulaire de nos élus un peu plus souvent !
De ce constat, j’en tire une rébellion contre tout effacement, une résistance accrue, une mobilisation plus que nécessaire, vitale. Voilà une situation exécrable qui devrait nous réunir au-delà de nos différences.
Il y aura un après! Et nous serons là!
Serge Martin