L’école
L’école a fait peau neuve
La mutation de l’école de théâtre s’est réalisée
Une seule classe réunit au fur et à mesure des années tous les élèves. C’est une émulation supplémentaire comme avec le mélange des âges ou des nationalités.
Le pari de ne plus suivre un cursus établi mais d’avancer avec l’apport de chacune, de chacun, utilisant les outils essentiels, nécessaires à leur émancipation, exigeant sur ce qu’est un acteur et recherchant les gestes pour demain. Ce pari se révèle être gagnant. Je désire aussi convoquer, dans la pratique et l’entrainement à la scène, ce qui échappe au classement. Eliminer les cursus rigides et bien ordonnés. Être encore plus dans le moment de l’apprentissage afin de favoriser au maximum l’épanouissement de chaque élève. Lorsqu’on s’arrête parce que c’est l’heure alors que quelque chose se passe, ou lorsqu’on devrait arrêter le cours parce qu’il s’est passé quelque chose d’essentiel, mais c’est trop tôt donc on continue, on passe à côté de l’efficace. Ce sont des situations qui ne me conviennent plus. Une heure pour commencer (9h), le rendez-vous est capital, et l’arrêt du cours au gré de ce qui se passe (entre 13h et 13h45) par décision du professeur.
Il y a une équipe pédagogique de 7 professeurs qui suit chacune, chacun, d’autres professeurs réguliers, 7 à 9 suivant les cursus et, de temps en temps, des professionnels extérieurs qui prennent la classe pour un stage.
La dualité du jeu
ressemblance essentielle et différence existentielle
Nous devons désapprendre presque tout le temps, nous sommes obligés de découvrir par nous-mêmes en combattant la plupart des choses qu’on nous a appris, nous devons sortir de l’habituel. La création ne s’aliène pas à l’habituel, au bien fondé, tout comme l’esprit du jeu. Se déconditionner donc pour retrouver le goût d’apprendre, c’est-à-dire le plaisir de vivre, c’est-à-dire l’état originel, l’état de découverte.
Il n’y a pas d’autre voix possible que de sortir de la route sans attendre qu’elle devienne autoroute, de prendre des chemins de traverse sans connaître l’itinéraire ni l’aboutissement. Il faut sauter, c’est tout. Quand on saute, on ne fait rien d’autre. Quelque chose qu’on ne peut pas connaître avant de le faire. Une expérimentation des limites, sans consolation. Avec un devoir de clarté afin de pouvoir partager. Le théâtre, ce n’est pas quelque chose de fini mais d’indéfini, d’infini.
« Le théâtre est cet endroit où je comprends ce que je ne comprends pas. Cette « obscure clarté » permet d’aborder ce qu’on n’ose pas penser. Ce lieu où le vrai et le faux, le mort et le vif font scène commune. Là, l’imagination est une condition de la connaissance. » (Jean-Louis Rivière – « Le monde en détails »)
L’autre / autrui / l’étranger nous dérange sans cesse et nous arrache à nos amarres. Il instaure une possibilité d’instabilité, de déviance et aussi de recentrage en ouvrant des marges et des transitions nouvelles. L’étrange est le meilleur révélateur qui soit.
Desserrer le sens, l’ouvrir
Jouer est une libération. Le jeu fait apparaître de l’être. L’inédit nous transforme. Surmonter toutes les oppositions. Il s’agit d’émancipation. Jouer et déjouer : ne pas continuer à transmettre ce qu’on abhorre. Il s’agit de dépassement. Pas envie de passer mais de se dépasser.
Des objectifs:
- l’exactitude contre l’égarement
- la dissemblance plutôt que la ressemblance
- la fragilité comme force
afin de faire apparaître l’essentiel.
Ce qui advient est plus intéressant que ce qui revient. Ce qui revient confirme (nécessaire par moments), ce qui advient ouvre l’avenir (inconfortable quelquefois). Il s’agit de devenir. Quelque chose doit advenir. Car ce que nous cherchons dépasse ce que nous faisons. La poésie n’est pas concrète. Et l’acteur l’est dans chacun de ses actes. Paradoxe ! Faire advenir est notre fonction. Nous cherchons à révéler ce qui n’est pas dit, ce qui n’est pas vu et ce qui est caché.
La scène n’est pas un lieu du savoir-faire mais du savoir innover. La scène, lieu d’intensités, vitalité de la jeunesse, est un espace expérimental dont l’équilibre est instable. Cet équilibre est à inventer chaque jour entre ce qui calme et ce qui excite, entre la règle et son exception. Encore plus depuis ce nouveau millénaire. Et le théâtre ne défend jamais la guerre ni le racisme ni les abus de pouvoir, c’est-à-dire qu’il dénonce l’injustice où qu’elle soit.
Rendre actif le spectateur. Lui faire ressentir le besoin de bouger, de changer, de se libérer. Lui faire ressentir le goût du « tout est possible », ce sentiment de liberté que nous partageons en scène. Entre le spectateur et nous, il s’agit d’avenir.
L’école est un chantier. Nous travaillons pour demain, avec une mémoire réactivée par les élèves d’aujourd’hui. Cet héritage vivant s’allie à une curiosité envers les naissances artistiques et les nombreux auteurs contemporains. Nous cherchons. La scène de théâtre est le lieu d’invention par excellence. Le geste artistique, le meilleur geste éducatif qui soit. Le droit à l’erreur permet d’explorer, les essais révèlent les acteurs.
La scène est le lieu d’expérimentation du réel. Elle s’éprouve non-seulement comme conception, mais comme vécu. L’apprentissage de la scène c’est aussi l’écoute de l’autre et le partage du jeu sans à-priori. Il ne s’arrête pas à une école. Ce métier se pratique en équipe. Tout réflexe carriériste entrave l’expérience de collaboration qui en est la base artisanale, une des plus belles que nous puissions éprouver.
Un artiste est marginal avant d’influencer le monde dans lequel il survit. Le succès ayant l’effet d’assimiler l’artiste à la culture dominante, il le soustrait souvent à sa place de guetteur. C’est lorsque les artistes trouvent un rapport différent avec le public qui se trouve en face d’eux et les pouvoirs publics qui sont dans leur dos, que les choses avancent.
SERGE MARTIN
Quelques anciens
Oskar GOMEZ MATA – Sandrine KUSTER – Dorian ROSSEL – Delphine ROSAY – Marius SCHAFFTER – Dominique ZIEGLER –Pierre MIFSUD – Sarah MARCUSE – Roberto MOLLO – Evelyne CASTELLINO – José LILLO – Vincent KUCHOLL – Fanny PELICHET – Medhi DUMAN – Viviana ALIBERTI – Daniel MONNARD – Catherine BUCHI – Mauro BELLUCCI – Léa POHLAMMER – Aline GAMPERT – Antonio TROILO – Mathieu ZIEGLER – David VALERE – Cathy SOTTAS – Fabien BALLIF – Myriam SINTADO – Olivier CARREL – Valentine SERGO – Thierry CROZAT – Chantal BIANCHI – Richard GAUTERON – Margarita SANCHEZ – Olivier HAVRAN – Christine AEBI – Véronica BYRDE – Stéphanie SCHNEIDER – Verena LOPES – Laurent ANNONI – Aude BOURRIER – Clea EDEN – Antoine COURVOISIER – Laurie COMTESSE – Lambert BASTAR – Corinne GRANDJEAN – Bernard SARTORETTI – Clara BRANCORSINI – Yves PINGUELY – Jacqueline RICCIARDI – Angelo DELL’AQUILA – Lefki PAPACHRYSOSTOMOU – Sandra AMODIO – Vincent RIME – Maud FAUCHERRE – Noémie GRIESS – Steven MATTHEWS – Thomas DIEBOLD – Mathilde SOUTTER – Nadim AHMED – Bastien BLANCHARD – Anna LEMONAKI – Lionel PERRINJAQUET – Charlotte RIONDEL – Alexandra CAMPOSAMPIETRO – Iria DIAZ – Charlotte CHABBEY – Renato CAMPORA – Jérôme SIRE